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comme les grandes personnes et les animaux aussi. N’avez-vous donc pas entendu des chiens de chasse aboyer, pendaut leur sommeil, comme s’ils poursuivaient un lièvre ?

— Vous venez d’entendre deux histoires de revenants qui vous ont tout émus, dit Auguste. Tenez, Fanch Ar Manac’h que voilà va vous en conter une troisième, qui vous paraîtra moins effrayante, au dénouement, du moins. Racontez-nous, Fanch, l’histoire du diable de Guernaham, qui a fait tant de bruit dans le pays, Il y a quelque temps. Nul mieux que vous ne connaît exactement la vérité à ce sujet, puisque vous avez vous-même joué un rôle dans l’histoire.

— Je ne demande pas mieux, dit Fanch Ar Manac’h, et vous pouvez avoir une foi absolue en mon récit, car je ne dirai que la pure vérité.

Et Fanch Ar Manac’h raconta ce qui suit :

— Un jour, — il y a trois ans de cela, — le bruit se répandit que la maison de Charles Keriot à Guernaham, était hantée par un lutin, ou un diable qui, toutes les nuits, y faisait des siennes[1]. C’était effrayant tout ce qu’on en racontait. Et ces bruits allaient croissant, et inspiraient une frayeur générale dans la commune. On ne parlait plus que du diable et du sabbat de Guernaham, à toutes les veillées.

  1. Guernaham est un vieux manoir, près de Kerarborn, en Plonaret.