Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans ce monde : mais, Dieu est puissant, et fait tout ce qu’il veut.

Mon fils Laouic, qui n’a guère que cinq ans encore, couchait ordinairement avec sa grand’mère. Quand elle fut morte, l’enfant occupa seul le lit. Une nuit du mois dernier (il y a aujourd’hui quinze jours de cela), nous dormions tranquillement, ma femme et moi, quand nous fûmes éveillés tout-à-coup par les cris de l’enfant, qui m’appelait à haute voix : — Père ! père !

— Qu’as-tu, mon fils, que veux-tu ? lui demandai-je.

— Père, c’est grand’mère qui est ici sur moi, et qui ne veut pas s’en aller.

Je crus que l’enfant rêvait, et je lui dis :

— Dors, mon enfant, tu sais bien que la grand’mère est bien bonne pour toi, et ne veut pas te faire de mal.

— Mais, père, elle est sur moi !

— Eh ! bien, dis-lui de se retirer de dessus toi, mon fils.

— J’ai beau la pousser, elle ne veut pas s’en aller. Va-t’en donc, grand’mère, va-t’en de dessus moi ! — Et l’enfant pleurait, et m’appelait près de lui. Je me levai, pour voir s’il était bien éveillé. Quand j’arrivai près de son lit, je fus bien étonné de voir moi-même ma belle-mère en sortir, passer près de moi, et se diriger vers la porte. Puis, je crus entendre le bruit du loquet que l’on soulevait. Cependant, la porte ne s’ouvrit pas, et je ne sais comment