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nouveau qui en a inspiré l’idée et dicté le vote.

Cette digression un peu pédante de Francès ne plût pas à tout l’auditoire, qui trouva qu’elle manquait de simplicité et n’en comprit la signification que d’une manière générale. Les uns ouvraient de grands yeux, et même la bouche, sans rien dire, les autres baillaient tout bonnement. En un mot, chacun préférait les récits de Garandel.

— Toi qui es si savant, ou qui du moins parais l’être, dit Séraphine à Francès, explique-nous donc ce que c’est que cette Princesse aux cheveux d’or, si difficile à trouver, et dont il est si souvent question dans les contes populaires.

— La Princesse aux cheveux d’or des contes populaires, dit Francès, c’est l’Aurore printanière ou plutôt c’est le Printemps lui-même, après lequel soupire tout le monde, durant les longs et pénibles mois de l’hiver, mais, que les malades et les vieillards surtout attendent avec impatience, comme l’unique médecin qui peut les soulager.

Vous savez que c’est toujours un roi accablé de vieillesse et d’infirmités qui envoie le héros du conte à la recherche de la belle Princesse. Ce vieux roi, c’est l’année déclinante, défaillante et engourdie par les froids de l’hiver. Le héros, qui est le soleil pâli et refroidi de la fin de l’automne, s’engage dans une forêt sombre