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loup ayant dévoré l’âne de l’oncle de saint Hervé, celui-ci força le loup à faire, dans la maison de son oncle, le travail de l’âne, et le glouton animal vivait dans la même étable que les moutons, sans leur faire de mal, et traînait la charrue et portait les faix, tout comme le faisait l’âne lui-même.

Le ménage de saint Hervé était pourvu d’un coq et d’une poule. Mais le renard ayant croqué la poule, le saint, estimant que c’était le fait d’un larron envieux, présenta à Dieu son oraison, afin que le larron rapportât la poule où il l’avait prise. Cette oraison fut si efficace, que le renard rapporta la poule, sans lui avoir fait aucun mal.

— J’ai lu, dit Francès, de fort belles choses sur cette confraternité des hommes et des animaux, et sur les services réciproques qu’ils se rendaient. Les littératures primitives sont pleines de la sympathie des anciens hommes pour les êtres inférieurs. Au livre de Jonas, le prophète envoyé par Dieu vers Ninive ordonne aux habitants déjeuner et se couvrir de sacs, eux et leurs animaux, bœufs, brebis, etc.. La ville sera sauvée, à ce prix, de la destruction dont le Seigneur la menace. Les bûtes sont ainsi associées à la pénitence que Dieu exige des hommes, pour leurs fautes et leurs crimes.

C’est surtout en Orient, dans l’Asie, que ce sentiment de mansuétude pour les animaux est généralement répandu. Les villes turques ? abondent en chiens errants, que personne