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d’eux, puis, tu l’enverras te les remplir, aux fontaines de l’eau de mort et de l’eau de vie ; tu retiendras l’autre, jusqu’au retour du premier. Quand on t’aura apporté les deux sortes d’eau, tu verseras sur mon corps quatre gouttes de l’eau de vie, et aussitôt je me relèverai, plein de vie, sain et sauf, jeune et plus vigoureux que jamais. Obéis de tout point, et nous retournerons encore à la maison.

Petit-Louis tua donc son cheval, puis il se cacha parmi ses entrailles encore chaudes. Tôt après, un corbeau descendit sur le cheval.

— Est-ce frais ? lui demanda un autre corbeau, sur la branche d’un arbre, au-dessus.

— Frais-vivant ! répondit le premier corbeau[1].

Et alors, celui qui était dans l’arbre descendit aussi sur le cheval mort.

Aussitôt Petit-Louis sortit vivement sa main, et prit un des deux corbeaux. L’autre, voyant son compagnon captif, se mit à crier :

— Rends-moi ma femme ! rends-moi ma femme !

— Oui, répondit Petit-Louis, si tu m’apportes deux fioles pleines l’une de l’eau de mort et l’autre de l’eau de vie ?

— Oui, je le ferai.

— Viens ici, alors, que je t’attache mes deux fioles aux pieds.

  1. Fresk eo ?
    Fresk beo !