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le lendemain matin avant lui, et qu’ainsi il passerait le premier. Moi, je m’en retournai coucher à Kériavily, pour revenir le lendemain.

Quand la nuit fut venue et que le prêtre eut quitté son confessionnal, Pasquiou s’y glissa, sans être vu, et se cacha de son mieux. Tout le monde se retira. Le sacristain fit le tour de l’église, selon son habitude, ne le vit point, et ferma les portes. — C’est bien ! se dit Pasquiou, maintenant je suis sûr de mon affaire ; demain matin, je serai le premier confessé et ce sera fini, car c’est bien ennuyeux de venir ici, tous les jours, de Kériavily, qui est loin, et de venir inutilement surtout.

Il s’endormit… puis, vers minuit, il se réveilla en sursaut, en entendant ouvrir bruyamment le vasistas par où le prêtre communique avec le pénitent.

— Monsieur le curé, pensa-t-il, commence sa journée de bien bonne heure ! Tant mieux ; je pourrai entendre une messe avant de m’en retourner, et arriver à la maison assez tôt pour commencer ma journée avec les autres.

Il récita son Confiteor, se confessa, ne remarqua rien d’extraordinaire et reçut l’absolution. Il se disposait à sortir, lorsque le prêtre lui demanda s’il savait servir la messe.

— Pas très-bien, je le crains, — répondit-il ; — cependant, avec l’aide d’un livre, je pense que je pourrai m’en tirer assez convenablement ; j’ai été enfant de chœur, dans ma jeunesse.