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d’or, dans son château d’argent. Mais avant de t’embarquer, tu verras sur le sable un petit poisson, hors de l’eau et près de mourir. Prends avec soin ce petit poisson, dans ta main, et remets-le dans l’eau ; plus tard, tu auras besoin de lui. Vas, à présent, et me laisse ici ; au retour, tu me retrouveras.

Petit-Louis embrassa son vieux cheval, et marcha vers la mer. En arrivant sur la grève, il vit aussitôt le petit poisson. Il avait la bouche ouverte, et c’est à peine s’il remuait encore un peu la queue. Il le prit avec précaution dans sa main et le remit dans l’eau. Alors le petit poisson sortit sa tête, et parla ainsi :

— Ma bénédiction soit avec toi, Petit-Louis, filleul du roi de France ! je suis le roi des poissons, et si jamais tu as besoin de moi ou des miens, appelle-moi et j’arriverai.

Puis il replongea dans l’eau et disparut.

Petit-Louis trouva facilement, sur le rivage, la barque dont lui avait parlé son cheval. Il monta dessus, et la barque partit aussitôt, d’elle-même, et le conduisit à une île, assez loin du rivage. Il débarqua, s’avança dans l’île et ne tarda pas à voir un château comme il n’en avait jamais vu encore. Il était tout d’argent massif, et quand le soleil donnait dessus, nul ne pouvait le regarder, sans être ébloui. La porte de la cour était grande ouverte, et il entra. Voyant une autre porte ouverte, il entra encore, et se trouva dans une vaste cuisine, où tout brillait et resplendissait.