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si les hommes sont contre moi, les chers animaux du bon Dieu sont de mon côté, et cela me console.

Et ils continuèrent leur route. Comme ils traversaient un grand bois, ils se virent tout à coup enveloppés par une armée de fourmis grandes comme des lièvres, et quelques-unes comme des moutons. Il y en avait en si grand nombre, que le cheval ne pouvait plus avancer.

— Éventre, vite, les sacs remplis de gruau, et jettes-en autour de toi ! dit-il, en voyant cela.

Petit-Louis éventra les sacs et répandit le gruau par terre. Et les fourmis de se précipiter dessus, et de se régaler ! Quand elles furent repues, la plus grande s’avança vers Petit-Louis, et parla ainsi :

— Notre bénédiction soit avec toi, Petit-Louis, filleul du roi de France ! Nous mourions toutes de faim, ici, et tu nous a sauvées. Je suis la reine des fourmis : si jamais tu as besoin de moi ou de miens, appelle, et nous arriverons !

Et elles s’en allèrent ensuite.

Petit-Louis continua sa route, un peu rassuré par ce qu’il voyait et entendait. Il arriva alors sur le rivage de la mer.

— À présent, lui dit son vieux cheval, nous allons nous séparer, pour quelque temps. Tu trouveras sur la grève une petite barque. Monte dessus, sans crainte, et elle te conduira dans l’île où se trouve la Princesse aux cheveux