Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tais-toi ! et fais ce que tu as dit, ou il n’y a que la mort pour toi !

— Laissez-moi, au moins, une nuit pour réfléchir et songer aux moyens de mener à bonne fin une telle entreprise.

— Oui ; mais, il faudra partir demain matin. Petit-Louis rejoignit son cheval, bien triste, et lui raconta tout.

— Quand je vous disais de ne pas toucher à cette plume ! lui dit le cheval. Mais, ce que nous avons à faire, à présent, c’est d’unir nos efforts pour nous tirer de là, de notre mieux. Écoutez-moi donc, et faites exactement comme je vais vous dire. Allez trouver le roi et dites-lui qu’il vous faut trois mulets chargés de pain, trois chargés de viande et trois autres chargés de gruau, et enfin moi, pour vous porter. Plus tard, je vous dirai quel usage vous devez faire de toutes ces provisions.

Petit-Louis retourna auprès du roi, qui lui fit donner tout ce dont il disait avoir besoin.

Il se mit alors en route, monté sur son vieux cheval et suivi des neuf mulets chargés des provisions que vous savez. Ils arrivèrent, sans tarder, dans un bois, où ils furent entourés de toutes sortes de bêtes fauves, lions, sangliers, loups, renards et autres, qui paraissaient affamés et montraient les dents de façon peu rassurante.

— Éventrez, vite, les sacs remplis de viande, dit le cheval à Petit-Louis, et jetez-en, à discrétion, à tous ces animaux-là !