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pressé, en se levant, que d’aller s’assurer s’il avait fait son devoir. Mais, il ne trouva dans le cabinet la moindre pièce d’or, ni même d’argent. — Ce sera, sans doute, pour demain, se dit-il, car le chat doit être tout dérouté de ce changement subit de domicile, et il faut lui laisser le temps de se familiariser avec les lieux et son maître. — Et il déposa à sa portée une jatte pleine de lait doux, plus deux souris qui venaient d’être prises à la souricière. Mais, le lendemain, le résultat fut le même ; pas la moindre pièce d’or ni d’argent ; et le surlendemain, de même, et enfin pendant huit jours. Alors, notre homme, s’apercevant qu’il était joué, se rendit chez la commère qui lui avait vendu le chat, le lui rendit et réclama ses trois cents francs. Mais la vieille ne voulait pas rendre l’argent, prétendant que le chat était bon, qu’il faisait son devoir chez elle et qu’elle n’était pas cause s’il ne voulait pas le faire ailleurs. Bref, il fallut aller devant le juge de paix, qui condamna la femme à restituer l’argent.

— Faut-il qu’il y ait des gens assez simples pour ajouter foi à de semblables folies ! dit Pipi Ar Morvan.

— La croyance aux chats noirs qui produisent de l’argent est encore assez commune, dans le peuple, dit Jolory.

— Chantez-nous, à présent, un beau gwerz, Marc’harit, dit Katel.