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— Ce n’est plus guère que sous la forme de chat noir, dit Katel, qu’on le voit de nos jours.

— C’est vrai, dit Jolory, il y a des bonnes femmes, — et des hommes aussi, — qui sont encore assez simples pour croire qu’il y a des chats noirs qui sont de vrais diables, produisent de l’argent à volonté et enrichissent leurs possesseurs, de cette façon.

— God Laz-Bleiz, de Kervran, avait un de ces chats-là, dit Ar Floc’h, qui la fit riche, en très-peu de temps.

— Il y a quelques années, dit Jolory, une curieuse affaire de chat noir de ce genre, qui se dénoua en justice de paix, fit du bruit à Belle-Isle-en-Terre et aux environs. Un homme du côté des bois, de Loguivy-Plougras ou de Lohufic, et qui croyait aux chats noirs qui font de l’argent (a gac’h arc’hant), acheta un animal de cette espèce, d’une vieille femme de Bégard, je crois, ou de Pédernec. Le marché fut conclu et le chat estimé et accepté par la partie prenante pour trois cents francs. Au jour dit pour la livraison de l’animal, la vieille se trouva à Belle-Isle avec son chat enfermé dans un sac et qu’elle livra, devant trois témoins, en échange de la somme convenue, trois cents francs, plus le sac. L’acquéreur emporta la précieuse bête chez lui, croyant tenir sa fortune dans le sac. Le chat fut enfermé dans un cabinet, d’où il ne pouvait s’échapper. Le lendemain matin, son nouveau propriétaire n’eût rien de plus