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branches couvraient près d’un arpent de terre. Pelles et pioches ! souhaita Mabik ; et deux pelles et deux pioches furent rendues sur-le-champ auprès d’eux. Ils se mirent alors au travail, avec ardeur. Ils commencèrent par ouvrir une tranchée profonde autour de l’arbre, assez loin du tronc, pour ne point rencontrer de racines courantes. Quand ils eurent pratiqué cette tranchée, ils se rendirent, suivant les instructions du petit livre rouge, à un grand étang, qui était au bas du jardin, et dont les bords étaient parsemés de plumes d’oies et de cygnes. Ils en rapportèrent, tous les deux, leur charge de ces plumes, et, avec elles, ils se mirent à défaire la terre peu à peu, en avançant lentement vers le tronc de l’arbre, et en évitant d’écorcher les petites racines. Travail long et ennuyeux, mais leur vie en dépendait.

La veille du jour où finissaient les six mois, et où le géant devait revenir, le travail était terminé, et, après avoir enlevé toute la terre qui recouvrait les racines, ils en découvrirent une bien plus grosse que les autres et qui plongeait en terre profondément et en droite ligne, sous le tronc. C’était là la maîtresse racine où résidait la vie de Pharaüs. — Une bonne cognée, bien aiguisée ! souhaita Mabik. Et la cognée arriva sur-le-champ. Otant, alors, sa veste, et retroussant les manches de sa chemise jusqu’aux coudes, Mabik réunit toutes ses forces et déchargea un coup vigoureux sur