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dites-vous, incontestables, mais si extraordinaires, si incompréhensibles, si en dehors des lois ordinaires de la nature… qu’on ne sait vraiment qu’en penser… On en raconte parfois de si bêtes et de si absurdes, qu’on ne peut que hausser les épaules et en rire de pitié. »

Si vous êtes de ceux qui parlent ainsi, vous aimez encore qu’on vous donne des raisons, des faits, des preuves, — pour ou contre, — pour vous aider à fixer votre opinion et à sortir de cette perplexité inquiétante.

Et si vous n’y croyez pas du tout, eh bien ! vous écoutez encore volontiers, j’en ai la conviction, les récits fantastiques et mystérieux, quand ce ne serait que pour les retourner contre les croyants et leur en démontrer l’absurdité, selon vous.

Pourquoi donc l’ignorant, comme le savant, l’homme des champs, le paysan, comme l’homme des villes, aiment-ils également ces récits merveilleux et surnaturels, ces contes de bonnes femmes, en un mot ? Cette soif instinctive de choses mystérieuses, cette appétence inassouvie vers la compréhension de ces mêmes mystères, n’est-ce pas une preuve éclatante, irréfragable, d’une existence postumulaire, dont nous voudrions pénétrer les secrets, qui nous presse, qui nous entoure de toutes parts, et dont quelques organisations particulières et privilégiées ont comme des visions anticipées et passagères ?

Mais ces choses-là ne se raisonnent guère ;