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— Tu es dans la bonne voie, mon enfant. Ton couteau coupe-t-il bien ?

— Je le crois, car je l’ai assez aiguisé pour cela.

— Eh ! bien, descends de cheval et va me couper cette branche ; mais, il faut la couper d’un seul coup et net.

Mabik descendit de cheval, se dirigea vers le buisson et coupa facilement la branche désignée, d’un seul coup de couteau : puis, il la présenta à l’ermite.

— C’est bien, mon enfant, lui dit celui-ci ; maintenant, coupe encore cette baguette en deux parties égales et conserve les sous ton bras, car nous en aurons besoin, plus tard.

Mabik fit ce que lui demandait son oncle, puis, ils continuèrent leur route.

Quand ils furent à environ une demi-lieue de Morlaix, l’ermite demanda encore à Fanch, qui marchait devant :

— N’entends-tu rien d’extraordinaire, mon enfant ?

— Non sûrement, mon oncle.

— C’est qu’alors tu ne marches pas dans la même voie que nous. Et toi, Mabik, n’entends-tu rien d’extraordinaire ?

— Si, mon oncle, répondit-il, d’un air triste.

— Qu’entends-tu, mon enfant ?

— J’entends les cris de mon père, sur son lit de douleur.

— Pressons le pas, pour lui porter quelque soulagement.