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sérieuse, dans la publication, en 1813, des contes du foyer et de la famille, des frères Guillaume et Jacob Grimm.

Depuis cette révélation, — car c’en était une véritable, — la curiosité pour les contes populaires est allée croissant constamment et, aujourd’hui, les recueils de contes et autres traditions orales du peuple nous arrivent de tous les côtés, avec des rapprochements et des commentaires fort savants, en général.

La France, il faut bien le reconnaître, est encore en retard sur ce point. Et pourtant, nos campagnes, en Basse-Bretagne surtout, sont très-riches en chansons, en contes merveilleux et en récits de tout genre. Il n’est pas trop tard encore pour les recueillir pieusement et les sauver du naufrage qui les attend infailliblement ; mais il faut se hâter et ne pas perdre de temps.

Je n’insisterai pas davantage sur ce sujet, et je me borne à émettre le vœu qu’on s’occupe, dans nos moindres villages, — car c’est là surtout que revivent encore les vieilles traditions du passé le plus reculé, — de recueillir toute cette littérature orale du peuple, où se trouvent enfouies et disséminées les plus anciennes archives de l’humanité.

Un mot, à présent, sur les histoires de revenants et d’apparitions plus ou moins surnaturelles que contient ce petit livre.

Sur la question de la croyance aux revenants et autres phénomènes du même ordre, je crois que les dissentiments proviennent ordinairement de ce que la question est mal posée. J’ai beaucoup réfléchi sur cette matière. La croyance au surnaturel, fort répandue dans nos campagnes, et la parfaite sincérité et la conviction entière avec lesquelles nos paysans parlent toujours de leurs visions, m’ont toujours vivement frappé, et voici, en peu de mots, le résultat auquel je suis arrivé, à force d’y penser.