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— Il est juste, vieille poison, que ton tour soit venu.
Ta beauté, ta jeunesse sont tombées sur tes sabots :
   Vous trouviez la nuit longue et froide,
   Et quand vous vous réveilliez, vous n’aviez personne...
   Maintenant vous la trouvez plus longue,
   (Maintenant) qu’il vous faut branler la cloche (bercer.)


Recueilli à Kersont, en la commune de Berhet (Côtes-du-nord.) en 1868.
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LA FILLETTE DE BOIS-ROUEN
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   Autrefois, quand j’étais à Bois-Rouan,
Moi, je ne marchais pas (à pied), toute seule :

   Ou en carrosse, ou à cheval, (oui),
Mais toute seule (à pied) je ne marchais pas.

   Autrefois, moi j’avais des souliers
Dont vous n’auriez pu voir les talons ;

   Dont vous n’auriez pu voir les talons,
Tant il y avait de rubans à les couvrir ;

   Des rubans d’argent et d’or,
Mais, à présent, hélas ! je suis pauvre.

   Je m’imaginais que, quand je me marierais,
Nulle autre besogne je n’aurais à faire,

   Que me laver les mains, toutes deux,
Aller au pardon, casser des noix.

   Mais, à présent, il faut que je fasse pire (travail),
Piler l’ajonc avec mes pieds nus ;

   Piler l’ajonc avec mes pieds nus,
Encore ai-je souvent le festin du bâton !

   Les jeunes gens, quand ils se marient,
Doivent louer un jardin,