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   La vieille, quand elle l’entendit, lui a répondu :
— Oh ! oui, jeune matelot, oui, vous serez logé ;

   Donnez-moi votre valise, votre or et votre argent,
En même temps que nous vous souperez à l’instant.

   Cet homme-ci, qui n’est pas timide, est allé s’asseoir
Près de la mariée, sur l’escabeau le plus élevé
_________________________________(au haut bout de la table).

   Comme ils étaient à table, en train de souper, il a demandé :
— Est-ce avec la mariée que j’irai coucher ?

   Un des domestiques lui a dit :
— Taisez-vous, jeune matelot, ne proférez pas de paroles mauvaises ;

   Taisez-vous, jeune matelot, ne proférez pas de paroles mauvaises,
La fille aujourd’hui mariée n’a rien de commun avec vous.

   Cet homme-ci, quand il a entendu, s’est levé debout
Et se met à interpeller sa douce Françoise :

   — Dites-moi, Françoise, Françoise, ma douce jolie,
Qu’avez-vous fait de la bague et du diamant ;

   Qu’avez-vous fait de la bague et du diamant
Que j’avais passés à votre doigt, à la table du Sacrement ?


   Françoise, quand elle a entendu, se met à pleurer :
— Seigneur Dieu, mon Dieu, que ferai-je maintenant ?

   Seigneur Dieu, mon Dieu, qu’ai-je fait ?
A huit heures, j’étais veuve, maintenant j’ai deux époux :

   Avec lequel d’entre eux irai-je coucher ?
Avec mon premier (mari) j’ai envie d’aller.

   Quand fut mangé le souper, l’homme a dit :
— Qu’on apporte des cartes ou des dés ;

   Des cartes ou des dés, pour savoir qui perdra ;
Celui qui gagnera avec la fille couchera !

   Ou bien, suis-moi, laboureur, ici sur l’herbe verte,
Pour jouer un coup d’épée, ou bien un coup de bâton ;

   Pour jouer un coup d’épée, ou bien un coup de bâton ;
Ce n’est pas un fouilleur de terre qui pourra m’en
____________________________________ remontrer encore.

L’autre, quand il a entendu, lui a dit:
— Si c’est là ton épouse, tu peux la prendre !