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LES GARS DE LORIENT
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(première Version)


   De mon escabeau, au seuil de ma porte,
Je vois ma douce sur la mer ;

   Je vois ma douce je vois mon envie,
Je vois (celle qui fait) toute ma satisfaction !...

   Les matelots de Lorient
Sont des gars fièrement friands ;

   Mais ils n’ont pas beaucoup d’honneur
A voler des filles du seuil de leur porte.

   Ils ont volé ma douce jolie,
Pour l’emporter dans leur navire !

   Ma jeune douce pleurait,
Ne trouvait personne qui la consolât,

   Ne trouvait personne qui la consolât ;
Si ce n’est le capitaine, qui le faisait.

   — Taisez-vous, fillette, ne pleurez pas !
Votre vie du moins vous ne perdrez pas ;

   Votre vie du moins vous ne perdrez pas,
Votre honneur peut-être, je ne dis pas ;

   A la même table nous souperons,
Dans le même lit nous coucherons. »

   La jeune fille alors dit
Au capitaine, quand elle l’entendit :

   — « J’aime mieux cent fois mourir.
Et au milieu de la mer me précipiter ;

Et me précipiter au milieu de la mer,
Plutôt que de perdre mon honneur !

   Plutôt que de perdre mon honneur,
Lequel est assurément le meilleur des trésors !

   Car l’honneur, quand il est perdu,
On a beau le chercher, on ne le trouve pas ;