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   Sa sœur Marie qui était dans la maison
Répondit alors pour elle :

   — Anna est morte et enterrée,
Et aussi mon autre sœur Jeannette.

   — Si Anna est morte, ce n’est pas avec joie,
Mais de regret pour un amoureux qu’elle avait.

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LES ADIEUX DU SOLDAT DE LA
RÉPUBLIQUE
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   Ecoutez et vous entendrez, et vous entendrez chanter
Une chanson qui a été levée nouvellement, cette année-ci,

   Qui est faite à deux jeunes gens de la paroisse de Peumerit
En l’an deux de la République,

   En l’an deux de la République française.
Avant de dire davantage, je vais la commencer.

   A vous je demande excuse, compagnie ;
Je ne parlerai de personne (autre) que de ma maîtresse ...

   La nuit qui précéda son départ,
La nuit du pardon de Peumerit, il a dit :

   — Viens avec moi, camarade, viens avec moi te promener,
Car il faut que je dise adieu à ma maîtresse, aujourd’hui ;

Il faut que je dise adieu, cette nuit, à ma maîtresse ;
Mon cœur se brise de tristesse.

   Comme il arrivait près de la porte, il a remarqué (qu’elle était close)
— Seigneur Dieu ! dit-il, cœur désolé,

   Les portes sont fermées, les gens sont allés se coucher !
— Tais-toi, dit son camarade, ne te désole pas ;

   Tais-toi, dit son camarade, ne te désole pas,
Je frapperai à la porte, pour que l’on t’ouvre.

   Et lui de frapper deux ou trois coups, pour demander qu’on ouvrit,
Et de venir la vieille ouvrir la porte.