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______le sergent
Une fois l’an, mon père, j’y allais,
Mais je ne pouvais qu’essayer ;
Quand je disais que j’étais sergent,
Ils s’écartaient incontinent.

______le vicaire

Comment ? dit-il, mon pauvre ami,
Un sergent n’est (pourtant) pas un diable !
Depuis que tu as été agréé sergent,
As-tu fait tort à quelque paysan ?

______le sergent

Dans la maison du dernier où j’ai été,
Au lieu d’un écu, j’en ai réclamé dix,
Et encore, mon père, ai-je fait pis ;
J’ai vendu le grand chaudron,
Le trépied et le grand chaudron,
Le ribot et même le bâton.
L’autre jour, mon père, par malechance,
J’allai porter un exploit dans une maison noble :
Je me figurais que j’aurais eu
Ou de l’eau-de-vie, ou du vin clairet ;
(Mais) pis que pour le diable ou l’Antechrist,
On m’apporta dans un chaudron
De l’eau, qui avait servi à dessaler de la viande,
Ou je veux être damné chair et os !
Encore devais-je tout boire !
Encore devais-je boire le tout !
Pourtant c’était un affreux ragoût.
La porte était à moitié ouverte,
Je songeai à sauvegarder mon honneur.
On lâche alors sur mes talons
Les dogues et les chiens courants ;
Les dogues et les chiens courants !
J’arrivais à peine près de l’eau,
Que je foirai dans mes braies et dans mon bas.
De là j’allai a Runarfô :
Quand j’arrivai, l’on était à vêpres ;