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Marie Bonbec préside
Le conseil sans culotte,
Et sans avoir beaucoup d’égards,
Elle ouvre toute large sa bouche.

Du moment qu’elle n’a sur son visage
Ni moustaches, ni barbe,
Il faut (du moins) qu’elle ait cette supériorité
De décrier les gens du pays,
(Qu’elle ait pour elle) les mensonges, les soupçons,
_____________________________les médisances ;
Il y a des gens de toutes catégories.

Marie Bonbec est attifée
Comme la plus haute noblesse ;
C’est grand dommage qu’elle ne soit l’épouse
D’un homme riche de France,

Attendu qu’elle est princesse de l’oisiveté,
Comtesse des haillons,
Et duchesse pour la saleté,
Marquise des bavardes,
Gouvernante du charivari,
Et baronne des chiffons.

Les plus acharnées à décrier
Celles qui ont trouvé à se faire un sort,
Ce sont les vieilles fées édentées,
Les filles restées sans parti,

Les filles restées moisir,
Faute d’avoir mis la main sur un bout d’homme,
Et qui commencent, à cette heure, à se fâcher
De ce que personne ne fait choix d’elles ;
Et pourtant la plus vieille (d’entre elles)
N’a pas encore soixante ans !

Sitôt que l’on aura banni ,
Le mariage de deux jeunes gens,
Ds seront, le lundi matin, appelés
Au grand conseil par Marie.

Que de conseillers ne verra-t-on pas
Se mettre en route avec leurs sabots courts,
Pour découvrir le meilleur moyen
De couper court à l’affaire ?
La fille (dira-t-on) sera une gueuse,
Ou bien l’homme sera ivrogne.