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LES FILLES DE CAUDAN
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Écoutez tous, et vous entendrez
Une chanson nouvellement composée ;
Une chanson nouvellement composée :
Aux filles de Caudan elle est faite ;

Qui est faite aux filles de Caudan,
Lesquelles vont avec du lait doux à Lorient ;
Elles sont là de rue en rue :
— Demoiselle, du lait aurez-vous ?

Vendu est le lait, à la fin,
Sont allées les filles boire du vin ;
Un écot de vin elles ont bu,
De l’argent pour payer elles n’ont pas.

Quand va la fille aînée à ses poches,
Elle ne trouve deniers que deux.
Les filles de se mettre à pleurer,
Et l’aubergiste de les déshabiller.

Et le moine entre dans la maison :
— Filles de Caudan, que vous faut-il ?
— Un écot de vin elles ont bu,
De l’argent pour payer elles n’ont pas.

Et le moine alla à sa besace,
Paya l’écot, et paya net.
Un lit de nuit était près de l’âtre,
Où il a fait trois petits fils.

— Celui-ci sera roi, un autre pape,
Un autre sera semblable à son père.
Les filles sont accouchées,
A l’hôpital on les a portées.

A la maison publique sont allées les filles,
Dire aux soldats :
— Arrivez, aussi nombreux que vous voudrez,
Ici tous vous serez servis.