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qu’aujourd’hui nous ne commettrions plus. Par exemple, nous écrivons l’article, tantôt an tantôt ann. Comme le Breton fait sonner fortement l’n, c’est, croyons-nous, à la dernière forme qu’il conviendrait de s’en tenir. Quant aux K, dont Le Gonidec et ses disciples hérissèrent jadis notre langue, nous les avons impitoyablement exclus, et nous sommes retournés aux traditions de la vieille orthographe. Nous n’avons maintenu le K que là où il était nécessaire, devant c et devant t. Encore aurait-il pu y être remplacé par le q des anciens textes. Pour ce qui est de la traduction, je crois être en droit d’affirmer que nous y avons apporté, non seulement la fidélité la plus scrupuleuse, mais, dans la mesure où cela était possible, une exactitude presque littérale. Nous nous sommes efforcés de conserver, dans le français, la naturelle saveur et même l’âpreté du texte breton. L’élégance y perd peut-être : qu’importe, si la vérité y gagne ! Nous avons respecté jusqu’à l’ordre des mots, en usant d’inversions que la chanson populaire française emploie elle-même volontiers. Les mots de la traduction et ceux du texte se correspondent ; tout lecteur, désireux de se familiariser avec la langue bretonne, trouvera ainsi, dans ces « sonniou » une sorte de vocabulaire fait de termes qui, sauf de rares exceptions, continuent de vivre dans notre pays et y sont facilement entendus de chacun...

J’arrête ici ces pages, où je me suis efforcé, de présenter, dans son vrai cadre, la chanson populaire bretonne. J’ai essayé d’être aussi complet que le permettaient les limites d’une préface. J’aurais voulu pouvoir consacrer un dernier chapitre aux airs sur lesquels nous ont été chantées les sonniou, et dont on regrettera sans doute l’absence, à la fin de ces deux volumes, car une chanson sans son air est un peu comme Peter Schlemihl « l’homme qui avait perdu son ombre. » Hélas ! ni M. Luzel ni moi n’étions à même de les noter. Ce travail a d’ailleurs été fait, en partie, par MM. Bourgault-Ducoudray et