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   — Seigneur Dieu ! mon Dieu ! ne pourrais-je trouver un messager
Qui porterait pour moi à mon doux joli une lettre ?

   Qui lui porterait une lettre écrite avec mon sang,
Afin que mon ami sache quelques-unes de mes peines de cœur.

   — Ma sœur Françoise, écrivez vos lettres, quand vous voudrez,
Messager pour les porter ne vous fera point défaut...

   — Bonjour à vous, père cruel, père cruel et dénaturé,
Recevriez-vous une lettre de la main de votre enfant ?

   Recevriez-vous une lettre de la part de votre fille Françoise ?
Elle m’a dit qu’elle était à ses derniers moments.

   Son père, en entendant cela, se prend à réfléchir ;
Si cruel qu’il soit, son cœur est attendri.

   Et lui de grimper alors à sa chambre la plus haute,
(Et) de rester un peu de temps à s’examiner...

   — Tenez, ma sœur Françoise, tenez cette lettre,
Prenez un escabeau pour lire ce qu’elle contient.

   — Et toi, mon frère, dit-elle, prends lance ou glaive,
Pour me transpercer le cœur, tu ne me feras point de mal !...

   Je bâtirai une tourelle sur le bord de la mer profonde,
Et verrai de là les allées et venues de mon ami ;

   Et verrai là-bas une barque neuve venir,
Et, en celle-là, sera mon doux (ami) le plus aimé ;

   En celle-là sera mon doux, mon vrai ami,
Celui qui m’a planté un poignard dans le cœur !...

   Avant de terminer ma chanson, j’ai envie de dire
Un mot sur l’amour qui unit garçons et filles.

   Amour de jeune gars est une plume sur l’eau,
Un sentiment dissimulé et un esprit traître ;

   Amour de jeune fille est léger comme la balle (d’avoine),
Il passe en un instant, avec un coup de vent.


Chanté à Keramborgne, 1848.
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