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Je vous mettrai dans un lit, à côté du feu,
Sous des tapis de velours, des draps de toile fine.

Et une pomme d’orange sera à chaque coin du lit,
Et un petit rossignol au-dessus chantera.

Je vous mettrai dans une chaise, au seuil de ma porte,
D’où vous verrez les barques bondir sur la mer.

... Je vois venir les barques, et elles tendues de noir.
Seigneur Dieu ! mon Dieu ! Je suis veuve à coup sûr.

— Taisez-vous, taisez-vous, Monic, taisez-vous, ne pleurez pas,
Votre mari est mort, est mort et enterré ;

Votre mari est mort, est mort et enterré,
Sous le marchepied, dans l’église de la Trinité.

Si vous avez envie d’entendre qui a fait cette chanson,
C’est un jeune couvreur, de la ville de Lannion.

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LA BATELIÈRE


PREMIÈRE VERSION
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Une jeune héritière de la ville de Morlaix
Au bord de l’eau s’est faite batelière ;

S’est faite batelière, au bord de la grève,
Et elle a trouvé une barque qui était à flot.

Or, est venu à elle, certain jour, un jeune homme,
Qui avait en abondance et de l’or et de l’argent ;

— Dîtes-moi, jeune fille, si vous prendriez
Un jeune homme en votre barque, pour passer cet endroit ?

... — Fillette, jeune fillette, maintenant dites-moi
Combien il en coûterait, pour avoir votre amour ?

— La moitié de cent écus, dit-elle, oh ! oui, en argent blanc,
Ou autrement, si vous préférez, en or jaune.

— Tenez ma valise, pleine d’or et d’argent,
Prenez-en et gardez autant qu’il vous plaira.