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M. Luzel était en droit d’espérer que, de ce côté du moins, son œuvre semblerait plus riche, sinon aussi parfaite, que celle de son devancier. Mais, son activité dut s’exercer dans un autre champ. Les Sonniou furent ajournées, pour laisser place libre aux Contes, dont cinq volumes ont été publiés, dans un espace de douze années. C’est pourquoi, elles ne paraissent qu’aujourd’hui.

Elles ont été précédées, voici plus d’un an, par l’ouvrage de M. Quellien, intitulé : chansons et danses des Bretons. J’ai eu occasion de dire ailleurs ce que je pensais de ce recueil. Je n’ai pas à revenir sur mon opinion première. Cependant, à y regarder de plus près, il semble que M. Quellien ait été surtout préoccupé de l’air, non du texte de la chanson. Aussi, donne-t-il pêle-mêle, indistinctement, Sonniou et Gwerziou. Il s’accommode volontiers de documents publiés de longue date, soit par M. Luzel, dans ses oeuvres antérieures, soit par des imprimeurs bretons, sur feuilles volantes. Il ne s’applique pas à produire des documents nouveaux. Une chose seule l’intéresse : la mélodie. Il en a excellemment édité plusieurs, au dire des gens compétents. C’est de quoi il faut lui savoir grand gré ; mais son livre, dès lors, n’a que des rapports très lointains avec le nôtre, et ces deux volumes de Sonniou peuvent être considérés, — ainsi que les Gwerziou naguère, dans leur genre, — comme la première collection à peu près complète des chansons enfantines, sentimentales ou satiriques, qui ont persisté jusqu’à nos jours, dans la mémoire du peuple breton.

II

C’esl un art souvent difficile à pratiquer que la maïeutique de la mémoire populaire. M. Luzel y fut initié de bonne heure et en connut rapidement tous les secrets. Le manoir de Keramborgne, où s’écoula son enfance,