de l’Ile Verte) et Argad ar Saozon (la déconfiture des Anglais). Ils charmèrent d’autant plus M. de Penguern que, par la perfection de la forme, ils rappelaient les morceaux les plus achevés du Barzaz-Breiz... Il y avait, à cette époque, bien des années déjà que M. Luzel cheminait de bourg en bourg, à la recherche des vieux chants et des antiques traditions. Il lui arrivait parfois de se croiser avec Kerambrun. — Eh bien ! interrogeait malicieusement celui-ci, as-tu recueilli la ballade des Moines de l'Ile Verte ? — Pas encore ! répondait M. Luzel, non sans dépit. — Allons ! tu la trouveras, un jour ou l’autre, faisait Kerambrun, en manière de consolation narquoise. Il va sans dire que M. Luzel n’a jamais trouvé.
M. Luzel a toujours été en ces matières d’une probité poussée jusqu’au scrupule. Quand parurent ses Gwerziou, on eut enfin un recueil de textes bretons d’une authenticité populaire absolue. On put se faire une idée exacte de la poésie du peuple, en Armorique. D’aucuns en éprouvèrent comme une désillusion. Ils avaient encore dans l’oreille les strophes si artistiques du Barzaz-Breiz, où sonnaient fièrement les plus grands noms de notre histoire. On fut longtemps avant de comprendre que la véritable beauté de ces sortes de chants est dans leur barbarie et leur rusticité mêmes. D’ailleurs, à toutes ces récriminations M. Luzel ne pouvait rien. Interprète fidèle, il reproduisait ce que le peuple lui avait dit. Qu’avait-on à lui demander de plus ?
Le tome premier des Gwerziou est de 1868, le second de 1874. M. Luzel, — on l’a vu, — comptait y adjoindre, sans plus tarder, un troisième volume, qui eût été consacré aux Sonniou. M. de la Villemarqué n’avait fait à cette catégorie de chants qu’une part très restreinte. Son livre eu renferme tout au plus une dizaine.
excusés par la joie qu’ils causaient un bon M. de Penguern. De
son temps, d’ailleurs, c'étaient là fautes vénielles, et il aurait
pu s’autoriser d’illustres exemples.