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Romantisme, et qu’il faisait enfin œuvre de littérateur plutôt que de savant. De là, chez lui, des soucis de forme et de mise en scène, une recherche de l’effet, que la critique moderne réprouve et contre lesquels elle ne saurait trop se prémunir. Des nombreux chants qu’il a traduits, la plupart ont été corrigés, remaniés, et qu’on me pardonne, le mot — littérarisés. En procédant ainsi, il croyait certes agir pour le mieux. Il n’en est pas moins avéré qu’il a enté plus d’une greffe sur le sauvageon populaire. Je suis convaincu que, s’il était encore de ce monde, sa belle droiture n’hésiterait pas à en tomber d’accord. D’ailleurs, Souvestre, comme Cambry, ne nous a donné que des traductions, ce qui rend impossible tout contrôle. Pour trouver le premier recueil de textes qui fasse figure, il faut arriver à l’année 1839 et à l’apparition du Barzaz-Breiz.

C’est ici le cas de m’écrier avec le Paysan du Danube :

Veuillent les Immortels, conducteurs de ma langue
Que je ne dise rien qui doive être repris !

Non que j’aie l’intention de ranimer une vieille querelle, aujourd’hui éteinte, ni de discuter derechef une à une les pièces d’un procès qui a été jugé en dernier ressort par les plus illustres d’entre les celtisants contemporains. Je renvoie le lecteur à leurs conclusions. Libre à lui de les rejeter ou de les admettre 1[1]. En ce qui me

  1. 1 V. Le Men in Athenaeum, 11 avril 1868 ; — D’Arbois de Jubainville in Bibliothèque de l’École des Chartes, t. III et V ; Revue archéologique, t. XVII, Revue critique, 16 février et 23 novembre 1867, 3 oct. 1868 ; — Liebrecht in göttingische gelehrle Anzeigen, 7 avril 1869. — V. aussi le travail de M. Luzel intitulé : De l’authenticité des chants du Barzaz Breiz, et les notes des Gwerziou. — enfin la remarquable étude que M. L. Havet a publiée dans le n° du 1er mars 1873, de la Revue politique et littéraire, et qui a été rééditée en brochure, chez Corfmat, à Lorient. On y trouvera tout l’historique de la question à laquelle je ne fais que toucher.