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Sonniou que nous présentons aujourd’hui au public. Ils formeront, pensons-nous, un digne pendant aux Gwerziou.

La distinction que M. Luzel établit plus haut entre l’une et l’autre catégorie de chants est l’expression fidèle de la réalité. Le peuple lui-même les sépare nettement, et c’est avec grande raison que tous ceux qui ont traité de la littérature populaire bretonne insistent, sinon sur leur opposition absolue, du moins sur leurs différences essentielles. Mais, à M. Luzel revient l’honneur d’avoir le premier groupé, en deux séries compactes, qui se correspondent et se complètent l’une l’autre, les Gwerziou d’abord, et maintenant les Sonniou.


I

Dès 1794, un Lorientais, Cambry, alors président du district de Quimperlé, avait été frappé, — au cours d’une mission dans le Finistère, — du caractère vraiment original que revêtait volontiers la poésie populaire, dans les campagnes bretonnes. Il ne dédaigna pas de lui ménager une place, dans son Rapport[1] au Directoire. C’est ainsi, par exemple, qu’on y peut lire tout au long un intéressant dialogue de « demande en mariage » recueilli dans le pays de Scaër, et auquel est joint un commentaire précis et substantiel. Mais, Cambry ne savait pas le breton ou ne le savait que médiocrement. Il nous donne des traductions, jamais de textes, en sorte qu’il serait difficile de déterminer dans quelle mesure ses traductions sont exactes et quel degré de foi l’on y peut ajouter.

Les premiers textes de chants populaires bretons se rencontrent, croyons-nous, dans l’ouvrage du chevalier de Fréminville[2]. Ce sont surtout des Gwerziou, telles

  1. Voyage dans le Finistère, rapport sur l’état matériel et moral des populations de ce département.
  2. Antiquités de la Bretagne, 1832-1837, 4 vol. in-8. — Cepen-