manquera de rien chez moi. Retrouvez-vous ici, dans un an et un jour, et je vous le rendrai en bonne santé et instruit, à ne craindre personne dans son pays.
L’inconnu s’éloigna là-dessus, emmenant Alanic, et Job s’en retourna chez lui, heureux du marché qu’il venait de conclure. En le voyant revenir seul, Jobenn lui demanda :
— Où donc est resté Alanic ?
Je l’ai conduit à l’école, répondit le père.
— Comment à l’école ? Toi qui n’as pas d’argent pour payer un maître. Et où cela ?
— Je l’ai confié à un monsieur bien mis, que j’ai rencontré et qui me l’a demandé.
— Mais, qui est ce monsieur ?
— Ma foi ! je ne le connais pas et je ne l’avais jamais vu, avant de l’avoir rencontré, ce matin, dans le bois.
— Comment as-tu pu livrer ainsi ton fils à quelqu’un que tu ne connais pas ?
— C’est qu’il m’a fait de si belles conditions !
— Lesquelles donc ?
— Eh bien ! non seulement il se charge d’instruire et d’entretenir l’enfant, sans qu’il nous en coûte rien, et de nous le rendre au bout d’un an et un jour, mais il m’a encore donné trois cents écus. Voyez, Jobenn !
Et il fit luire aux yeux de sa femme une poignée d’écus tout neufs.
— Ce sont là, en effet, de belles conditions, dit Jobenn, trop belles même pour que je ne sois pas inquiète sur le sort de notre enfant.
Les trois cents écus apportèrent un peu d’aisance dans la pauvre chaumière, mais Jobenn était toujours inquiète et Job finit par le devenir aussi, en songeant aux histoires de veillées qu’il avait entendues et où il était question de pareils marchés, conclus imprudemment par des parents qui livraient inconsciemment leurs enfants au Diable lui-même. Aussi étaient-ils impa-