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F.-M. LUZEL


L’ENFANT QUI FUT À L’ÉCOLE CHEZ LE DIABLE
OU L’APPRENTI MAGICIEN[1]

Il y avait une fois deux pauvres gens, mari et femme, qui s’appelaient Job Louarn et Jobenn (Josèphe) Kerloaz.

Ils avaient un fils âgé d’une dizaine d’années, nommé Alanic, et qu’ils auraient bien voulu envoyer à l’école, quelque part, car l’enfant était d’une intelligence remarquable. Mais hélas ! ils n’en avaient pas les moyens. La mère et son fils allaient tous les jours mendier de porte en porte, dans les manoirs et les fermes de la paroisse, pendant que le père cherchait du bois sec dans les champs et les taillis, pour préparer leur maigre repas. Un jour que Job était ainsi occupé, dans un bois voisin, il y rencontra un monsieur bien mis, qui devait être un étranger, car il ne l’avait jamais vu jusqu’alors.

— Que faites-vous par ici, mon brave homme ? lui demanda le monsieur.

— Je cherche, répondit-il en tremblant, un peu de bois sec pour préparer notre repas du soir.

— Fort bien ; mais, il me semble que vous avez un enfant d’une dizaine d’années, dont j’ai entendu vanter l’intelligence.

— Oui, monseigneur, j’ai un fils nommé Alanic, qui est bien intelligent et que j’aurais bien voulu envoyer à l’école quelque part, mais hélas ! nous n’en avons pas les moyens.

  1. Ce conte de l’apprenti magicien est très répandu dans nos campagnes bretonnes, avec de nombreuses variantes. J’en ai recueilli au moins six versions.