Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quaient pas bien. Bientôt il ne fut plus regardé comme un domestique, dans la maison, et il mangeait avec les maîtres et possédait toute leur confiance. Il était beau garçon, intelligent, instruit, et réussissait à tout ce qu’il entreprenait.

Un jour, le châtelain lui dit :

— Ne serais-tu pas content de te marier, Cadou ?

— À qui voulez-vous que je me marie, moi qui n’ai rien ?

— Peu importe ; je te trouverai une femme, si tu veux.

— Où et qui ?

— Ma sœur, si elle te plaît.

— Votre sœur !... Ne vous moquez pas de moi, mon maître.

— Je ne me moque pas de toi, en aucune façon ; tu es un garçon intelligent, laborieux, de bonne conduite, et je veux te marier à ma sœur...

Le mariage fut fait promptement ; il y eut de belles fêtes et de grands festins, et voilà Cadou devenu le mari de sa mère, sans que ni lui ni elle n’en sût rien. Mais, la première nuit de ses noces, Cadou se rappela qu’il était un enfant trouvé et qu’il ne connaissait ni son père ni sa mère.

— Si je venais à épouser ma mère ! pensa-t-il ; elle est assez âgée pour être ma mère !...

Et cette pensée l’effrayait. En arrivant dans la