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de : L’Ermite qui s’accompaigna à l’Ange, et les Vitæ patrum, pour les sources occidentales. En Orient, nous retrouvons la même histoire dans le Koran et le Talmud, et enfin dans le recueil de contes arabes et persans les Mille et un Jours.




II


l’ermite et la bergère.



Un vieil ermite vivait retiré dans un bois, où il se nourrissait de racines d’herbes et de fruits sauvages, et passait la plus grande partie de son temps à prier, en expiation de quelques désordres de jeunesse. Sur la lisière du bois, une jeune bergère venait tous les jours garder ses moutons, et elle chantait constamment des cantiques à la sainte Vierge. La voix de la jeune fille était si claire, si pure, que le vieillard s’oubliait à l’écouter et perdait le fil de ses oraisons. Si bien qu’un jour il s’écria avec humeur :

— Je voudrais la voir à cent lieues d’ici, cette jeune bergère qui me trouble toujours dans mes prières !

Ce jour-là, quand la bergère rentra, le soir, il lui manquait une brebis, probablement parce