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rain, et vous pouvez vous en retourner chez vous, sans crainte ; les démons n’ont plus pouvoir sur vous. Pour moi, je retourne au ciel, où j’espère vous revoir, un jour, pour ne plus vous quitter.

Alan Kerglaz retourna alors chez lui, où il retrouva sa femme, son père et sa mère, et tous les gens de sa maison, dans une frayeur mortelle, et très-inquiets de lui. Il leur conta tout, et sa conduite étrange le jour et la nuit de ses noces, et sa disparition leur furent alors expliquées.

Alan et Yvonne vécurent le reste de leurs jours heureux et craignant Dieu, et ils firent dire plusieurs messes pour le repos de l’âme de Jean Kerlann, et l’ombre du pendu ne vint plus les tourmenter.

Ceci prouve qu’il ne faut jamais plaisanter avec la mort, et aussi qu’il est toujours bon de patronner les nouveaux-nés, pour les faire chrétiens, surtout les enfants des pauvres[1].

(Conté en breton, à l’île Bréhat, le 20 août 1873,
par un vieux tailleur nommé Lorgeré.)
  1. Cette dernière pensée se retrouve dans d’autres traditions bretonnes, et principalement dans un vieux guerz fantastique, que l’on peut lire à la page 65 du Ier volume de nos Guerziou Breiz-Izel, ou Chants populaires de la Basse- Bretagne, et où une personne est également sauvée par un enfant à qui elle a servi de parrain sur les fonts baptismaux et qui est mort depuis. Voici, en effet, ce que dit à une jeune fille l’âme de sa mère, qui était eu purgatoire :
    « Tu as tenu un enfant sur les fonts baptismaux, tu lui as donné mon nom, et c’est là ce qui m’a sauvée ! »
    Voir dans le premier volume des Légendes chrétiennes de la Basse-Bretagne, page 358, aux corrections et additions.