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d’assez bonne apparence où elle demanda l’hospitalité pour la nuit, ce qui lui fut facilement accordé, sur sa bonne mine. Le maître et la maîtresse de la maison l’interrogèrent avec intérêt et lui demandèrent comment elle se trouvait ainsi seule par les chemins, jeune et jolie comme elle était, et paraissant si bien élevée.

Elle répondit qu’elle n’avait plus ni père ni mère, et qu’elle cherchait condition dans quelque honnête maison, afin de pouvoir vivre de son travail.

On lui proposa de rester dans cette maison, et elle s’empressa d’accepter, ne demandant pour tous gages qu’une chambre pour elle seule, et une chandelle et un fagot, tous les soirs, pour s’y rendre. De pareilles conditions parurent étranges et étonnèrent un peu, mais on les accepta néanmoins.

Déodié était douce de caractère, soumise, bonne travailleuse, adroite et intelligente, et ses maîtres et tous ceux de la maison l’estimaient et l’aimaient. Mais une chose les intriguait beaucoup : c’était de la voir, tous les soirs, quand l’heure était venue d’aller se coucher, prendre sa chandelle et son fagot, et se retirer dans sa chambre, qu’elle fermait toujours soigneusement à clé. « Que signifie cela, se demandait-on, et que peut-elle faire de ce fagot ? Si encore il faisait froid ; mais au mois d’août !... »