Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pierre, parce qu’il était convaincu qu’il l’avait obtenu par l’intercession du saint.

On baptisa le nouveau-né ; il fut appelé Pierre, et il y eut au château un grand festin, auquel furent invités tous les nobles et les riches du pays ; mais les pauvres n’y eurent aucune part, car la dame était peu charitable.

L’enfant fut confié à une nourrice, et il venait à merveille. Quand il fut parvenu à l’âge de douze ans, on l’envoya à l’école, dans la ville la plus voisine. Les écoliers lui demandèrent qui était son père, et il leur répondit :

— Saint Pierre.

— Saint Pierre, le portier du paradis ?

— Oui, saint Pierre, le portier du paradis.

Et les voilà de crier tous ensemble :

— Ho ! ho ! ho !… le fils de saint Pierre ! le fils de saint Pierre !…

Et tous les jours, ils le poursuivaient et l’abasourdissaient ainsi de leurs cris, de sorte qu’il n’avait aucun plaisir parmi eux. Voyant cela, il s’échappa par dessus un mur, retourna chez ses parents, et leur conta pourquoi il était revenu. Alors, il ne faisait que jouer et se promener tous les jours. Cependant, comme sa mère était peu tendre pour lui, souvent il accompagnait le petit pâtre du château, qui avait à peu près son âge, sur une grande lande où il faisait paître les mou-