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ferme par un magnifique pont, avec trois hôtelleries, dont une à chaque extrémité et une autre au milieu ; ce qui fut encore exécuté, à l’instant même. Il mit alors de ses gens dans ces hôtelleries, avec ordre d’y bien recevoir tous les voyageurs, et les pèlerins, et les mendiants qui se présenteraient, et de leur servir à manger et à boire à discrétion de tout ce qu’ils demanderaient, et cela gratuitement ; il se chargeait, du reste, de fournir les provisions. Cela lui coûtait si peu !

Cependant, le roi, indigné de la manière dont sa fille lui avait été enlevée, s’occupa de la retrouver. Il envoya des ambassadeurs à sa recherche. Ceux-ci, après avoir parcouru tout le royaume, arrivèrent au pont qui réunissait l’île de Jannig au continent. Ils furent bien étonnés de voir un si merveilleux travail, dont ils n’avaient jamais entendu parler. Ils entrèrent dans la première hôtellerie et y demandèrent à loger. Ils furent si bien reçus et si bien traités, qu’ils ne songèrent à continuer leur route qu’au bout de huit jours. Mais ils n’allèrent pas loin. Ils entrèrent, en passant, dans l’hôtellerie du milieu du pont, sous prétexte de boire un verre de vin seulement, et y restèrent encore quinze jours. Puis il poussèrent jusqu’à la troisième hôtellerie, et y restèrent si longtemps, que le roi, voyant qu’ils ne revenaient pas, envoya une troupe de soldats à