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alors accourir, enfourchant un bâton, comme les enfants qui jouent au cheval, un homme fort mal habillé et qui paraissait être un idiot.

— Place ! criait-il, place à l’époux de la princesse !

C’était Jannig. Tout le monde partit d’un grand éclat de rire. Il passa sous le balcon. L’enfant lui sourit et lui présenta son orange. On ne riait plus ; mais grand était l’étonnement de chacun. Le roi ne se possédait pas de colère.

— Qui êtes-vous ? lui demanda-t-il.

— Jannig Le Falc’her, répondit-il ; Jannig le pâtre, votre gendre, sire.

— Mon gendre ! cria le roi, en écumant de rage, un pâtre ! un idiot !... jamais ; j’aimerais mieux mourir !

— En attendant, j’emmène votre fille et son enfant, sire ; peut-être un jour vous trouverai-je dans de meilleures dispositions à mon égard, répondit tranquillement Jannig.

Et il lui suffit de souhaiter que la princesse et son enfant le suivissent, pour que cela se fît, sans que personne songeât seulement à s’y opposer. Il les conduisit dans une île, au milieu de la mer. Il souhaita avoir dans cette île un palais beaucoup plus beau que celui de son beau-père ; et le souhait fut encore accompli, aussitôt que formé. Enfin, il souhaita encore que son île fût reliée à la terre