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seigneurs du royaume, enfin tous vos sujets mâles, s’il le faut, jusqu’à ce que l’enfant, reconnaissant son père, lui présente l’orange.

Le roi donna des ordres pour mettre à exécution le conseil de son devin. Au jour fixé, la princesse, magnifiquement parée, se plaça sur le balcon du palais, ayant entre ses bras son enfant, qui tenait une orange dans la main droite. Le défilé commença alors. Les courtisans, les pages et les gens de la cour passèrent d’abord ; puis vinrent les généraux, les officiers et toute l’armée ; ensuite passèrent tous les nobles et autres seigneurs du royaume... L’enfant avait toujours son orange dans la main. Le vieux roi n’avait pas l’air content. Il se tourna vers son devin et lui dit :

— Il me semble qu’il est inutile de continuer, car le père de l’enfant de ma fille ne peut pas être un homme du peuple !

— Pardonnez-moi, sire ; faites continuer le défilé, et soyez certain que l’enfant ne manquera pas de reconnaître son père, quand il viendra à passer.

Le défilé continua donc, pendant plusieurs jours. Les marchands, les artisans, les ouvriers, les paysans, les gens de toutes les conditions enfin, avaient passé sous le balcon, et l’enfant n’avait encore présenté son orange à personne. On désespérait de découvrir le père par ce moyen. On vit