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vieux Falc’her, ayant acheté du bois et fait des fagots, Jannig, qui aimait à aller toujours garder ses moutons sur la lande, chargea un fagot sur le dos de chacun de ses moutons, pour venir à la maison. La fille du roi, qui se promenait dans le pays, rencontra sur sa route les moutons chaînés de cette façon, et elle se mit à injurier Jannig, qui les suivait, l’appelant méchant, imbécile, idiot !

— Je désire être le père de l’enfant que tu mettras au monde, pensa Jannig, en entendant cela.

Et voilà que la princesse devint enceinte, quelque temps après. Elle était désolée et ne pouvait s’expliquer comment cela était arrivé. Elle mit au monde un fils, un enfant magnifique. Le vieux roi était furieux.

— Qui est le père de l’enfant ? demanda-t-il à sa fille.

— Je ne sais pas, répondit-elle en pleurant.

Le roi fit venir son devin, pour le consulter. Le devin réfléchit, consulta ses livres, puis il parla de la sorte :

— Sire, voici ce qu’il faudra faire : la princesse devra se mettre sur le balcon du palais, tenant dans ses bras son enfant nouveau-né, lequel aura une orange dans la main droite. Alors vous ferez passer sous le balcon les courtisans et les officiers de votre cour, puis tous les nobles et les