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de coudrier, tout en sifflant et chantant tour à tour.

— Bonjour, mon enfant, lui dit notre Sauveur ; ton petit cœur est bien gai.

— Bonjour à vous, mes gentilshommes (il les prenait pour des gentilshommes), répondit l’enfant ; il fait si beau vivre, aujourd’hui que le bon Dieu daigne nous envoyer son soleil béni !

— Dis-moi, mon enfant, reprit notre Sauveur, sais-tu qui a fait ce pont neuf ?

— C’est moi, messeigneurs, répondit Jannig, pour faire passer mes moutons, et aussi pour la commodité des honnêtes gens comme vous, qui ne seront plus obligés de se mouiller les pieds.

— Ton langage me plaît, mon enfant, et je voudrais faire quelque chose pour toi ; fais-moi trois demandes, celles que tu voudras, et je te les accorderai.

— N’importe ce que je demanderai ?

— N’importe ce que tu demanderas, pourvu cependant que ce ne soit rien de mal.

— Vous voulez vous moquer de moi, je pense ; il n’y a que le bon Dieu qui puisse faire cela.

— Demande toujours, dit saint Pierre ; tu ne sais pas à qui tu parles.

— Eh bien, reprit Jannig, je demande premièrement que tout ce que je souhaiterai s’accomplisse aussitôt.