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Un an ou deux plus tard, notre Sauveur repassa par ce pays avec saint Pierre et saint Jean, et ils logèrent encore dans la même maison que la première fois. Notre Sauveur demanda à la maîtresse de la maison :

— Où est la servante qui était ici, quand nous passâmes, l’autre fois ?

— Je l’ai renvoyée, répondit la maîtresse ; ce n’était pas une honnête fille : elle a eu un enfant.

— Savez-vous où elle est, à présent ?

— Sa situation est bien triste ; elle n’a pas trouvé à se replacer en quittant notre maison, et elle habite avec son enfant dans une petite hutte d’argile, au bord de la route, où elle vit misérablement des aumônes des gens charitables.

— Sait-on qui est le père de son enfant ?

— Non ; quand on l’interroge à ce sujet, elle répond toujours que Dieu seul est cause de tout, et elle ne se plaint jamais de son sort.

Le lendemain matin, les trois voyageurs se rendirent à la hutte de la servante. Quand ils y arrivèrent, elle était à filer sur son rouet, tout en chantant. L’enfant jouait au seuil de la porte, et aussitôt qu’il aperçut notre Sauveur, il courut à lui et le prit par sa robe en disant :

— Mon père !

— Qui est le père de l’enfant ? demanda Jésus-Christ à la mère.