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bâtir une forge au bord de la grande route, et approvisionnez-la de fer et de charbon car je n’ai pas le sou. Je ferrerai vos chevaux et ceux de vos fermiers, ainsi que ceux des voyageurs qui passeront, et je vivrai ainsi de mon travail, comme doit le faire tout honnête homme.

Le seigneur fit construire la petite forge au bord de la grande route. Sans-Souci s’y installa aussitôt, et, toute la journée, et souvent la nuit, on entendait son marteau qui retentissait sur l’enclume, car il aimait le travail. Les pratiques ne manquaient pas, et il était content et heureux.


Un jour qu’il était à son travail, comme à l’ordinaire, en bras de chemise, les manches retroussées et la figure toute noire de charbon et de fumée, deux passants, deux étrangers, dont un vieux et un jeune, s’arrêtèrent pour le regarder.

— Tu travailles de bon cœur, Sans-Souci ! lui dit le plus jeune.

— Il faut travailler, messeigneurs, pour gagner sa vie, répondit-il.

Et il mettait le fer au feu, puis l’en retirait et le battait sur l’enclume, et la sueur lui tombait du front goutte à goutte. Les deux passants étaient en admiration devant lui.

— J’aime les travailleurs comme toi, Sans--