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passer la nuit dans une salle du château, qui est hantée par des revenants, des diables, ou je ne sais quoi. Toujours est-il qu’il y a là-dedans un tel vacarme et un tel sabbat, toutes les nuits, que personne n’y peut tenir, et qu’il a fallu abandonner cette salle. Si tu parviens à chasser les revenants ou les diables, et à rendre la salle habitable, tu n’auras pas perdu ta peine, car je te récompenserai bien.

Sans-Souci répondit :

— Je veux tenter l’aventure, arrive que pourra. Je n’ai jamais été poltron, et je ne serais même pas fâché de voir un peu de près le diable, dont j’entends parler si souvent et que je ne connais pas encore. Peut-être n’est-il pas aussi méchant qu’on le dit, après tout.

— À la bonne heure ! reprit le seigneur, tu me parais un garçon résolu, toi. Je vais te conduire à la salle. Tu y trouveras du bois, pour faire du feu, et je te ferai donner du pain, de la viande et du vin autant que tu en voudras. Tu feras alors ta cuisine toi-même, à ta guise.

Sans-Souci s’installa dans la salle hantée, et des valets lui apportèrent un quartier de mouton cru, une miche de pain blanc et six bouteilles de vin vieux. Puis ils s’en allèrent, et il resta seul. Il commença par faire un bon feu et mettre son quartier de mouton à la broche. Puis il s’assit