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et y coupa, avec son couteau, une baguette de saule, qu’il se mit à écorcher, tout en marchant.

Enfin, ils arrivèrent aussi à Rome. Quand ils entrèrent dans la ville sainte, on faisait une procession. C’était la première, car on devait en faire trois. — Il y avait là une foule immense de cardinaux, d’archevêques, d’évêques, de moines et de simples prêtres, venus de tous les pays de la terre. Ils avaient des costumes variés à l’infini, et tous ils tenaient à la main un cierge non allumé. De ces cierges, les uns étaient fort gros et longs, et les autres étaient tout modestes, sans doute suivant le rang et les moyens de chacun.

Il devait y avoir trois processions, une par jour, pendant trois jours consécutifs, et le pèlerin dont le cierge s’allumerait de lui-même serait désigné par Dieu pour être pape à Rome. Nos deux moines prirent place dans les rangs de la procession, portant chacun son cierge à la main. Innocent, qui n’avait pas d’argent pour en avoir un, se glissa à côté d’eux, tenant à la main, en guise de cierge, la baguette blanche qu’il avait coupée dans la haie où chantaient les oiseaux, au bord du chemin. On le regardait, et l’on disait de lui, en haussant les épaules : Voyez donc ce pauvre innocent !

La procession se déroulait lentement à travers la ville, et chacun avait les yeux fixés sur son