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Où allez-vous comme cela, s’il n’y a pas d’indiscrétion à le demander ?

— Nous allons à Rome, mon enfant, répondit le plus âgé.

— Moi aussi, je voudrais aller à Rome ; mais je ne connais pas le chemin, et si vous vouliez me permettre de vous accompagner, je vous en serais bien obligé.

— Très-volontiers, mon enfant, dit le vieillard.

— Vous avez tort, dit alors le jeune moine, d’accueillir si facilement, comme compagnon de voyage, un homme que vous rencontrez sur les grands chemins et que vous ne connaissez en aucune façon ; vous pourriez vous en repentir plus tard.

— Bah ! n’ayez pas de ces pensées-là, mon ami ; nous causerons tous les trois, en marchant, comme de bons amis, et le temps nous paraîtra plus court.

Et les voilà de continuer leur route à trois, le vieillard causant avec Innocent, et le jeune moine marchant seul à l’écart et paraissant de mauvaise humeur.

En ce temps-là, les capucins, quand ils voyageaient, ne logeaient pas dans les hôtelleries, mais ils recevaient l’hospitalité la plus empressée dans les châteaux et les manoirs nobles.

Peu après le coucher du soleil, nos trois