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Pierre, recueillit un jour un enfant nouveau-né, qui avait été abandonné au bord d’un chemin. Il le fit baptiser, lui servit de parrain et le plaça en nourrice, dans une bonne ferme. Quand l’enfant eut dix-huit ans, il voulut voyager. Il se rend à Paris et est pris comme valet d’écurie, à la cour du roi. Il soigne si bien les chevaux qui lui sont confiés, qu’ils deviennent les plus beaux des écuries royales, ce qui lui vaut les bonnes grâces du monarque, mais aussi la jalousie des autres valets. Ceux-ci, pour se débarrasser de lui, imaginent de le faire envoyer par le roi vers le soleil, pour lui demander pourquoi il est rouge, le matin, quand il se lève. Il se met en route et rencontre bientôt une belle cavale blanche qui l’invite à monter sur son dos. Cette cavale fait mille lieues par jour. Il passe la nuit dans un premier château dont le seigneur, malade depuis longtemps, le prie de demander au soleil ce qu’il doit faire pour recouvrer la santé. Dans un second château, où il passe la seconde nuit, le seigneur le charge de demander au soleil pourquoi un poirier qu’il a dans son jardin porte des fleurs et des fruits tous les ans, mais d’un côté seulement, tandis que l’autre côté ne porte ni fleurs ni fruits.

Notre héros arrive alors à un bras de mer, et se sépare de sa cavale, qui l’attendra là jusqu’au retour. Un passeur le prend sur son bateau et le dépose sur la rive opposée, sans le charger d’adresser aucune question de sa part au soleil, ce qui doit être une lacune ou un oubli du conteur, car, dans une autre version bretonne, le batelier le prie de demander au soleil pourquoi on le retient depuis cinq cents ans sur son bateau, et ce qu’il doit faire pour être délivré.

— L’imbécile ! répond le soleil, il n’a qu’à donner la mèche pour allumer sa pipe au premier homme à qui il fera passer l’eau, et ne pas la lui reprendre de la main, et il sera délivré, et l’autre restera à sa place.

Trégout-a-Baris arrive enfin au palais du soleil, et lui adresse ses questions. Le soleil lui répond : 1° que s’il est rouge, le matin, quand il se lève, c’est parce que la princesse au château d’or a son château près de son palais, et que la réflexion de la