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— Voici ma dernière pièce, et celui qui la recevra pourra dire qu’il aura ma vie entre ses mains, car aussitôt que je l’aurai donnée, je mourrai.

Il donna la pièce à une pauvre femme et expira à l’instant même.

Et l’on vit alors descendre du ciel quatre colombes blanches et quatre anges blancs, qui emportèrent son corps au paradis (i).


(Conté par Jean-Marie Guézennec, scieur de long,
à Plouaret, janvier 1869.)
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(i) M. le colonel Troude a publié dans son dictionnaire breton-français, au mot Marvaill, de la page 431 à la page 441, un conte breton recueilli par M. Milin, sous le titre de : Le gars Laouik et le bon Dieu, récit fort prolixe et qui a beaucoup de rapport avec le nôtre. En voici le résumé :

Une pauvre femme est restée veuve avec trois fils. Parvenu à l’âge de seize ans, l’aîné, nommé Paul, veut voyager. Il est pris dans un château, pour soigner un âne et le promener. Un jour, il entreprend une promenade plus longue que d’habitude, et son maître lui recommande de laisser aller l’âne à sa volonté et de ne jamais tirer sur sa bride, pour lui faire changer de direction ou revenir sur ses pas. Le voilà donc parti, monté sur sa bête. Il rencontre bientôt un vieux mendiant, qui lui demande un morceau de pain. Paul lui répond qu’il n’en a pas trop, et poursuit sa route. Il arrive à un bras de mer. L’âne entre résolument dans l’eau ; mais Paul a peur de se noyer, et il tire sur la bride et revient au château. Le maître le renvoie aussitôt, parce qu’il a désobéi. Il revient chez sa mère et conte son aventure. Le second fils de la veuve, nommé Bastien, part à son tour, arrive dans le même château, y est aussi pris pour soigner l’âne, refuse un peu