Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et Joll, à qui l’on avait fait la leçon, répéta la description de son maître, et y ajouta d’autres merveilles.

— Il faut que ce château soit en effet bien beau, — se dit le roi en lui-même, — d’après ce que m’en dit cet homme, et j’ai eu tort d’en faire mettre le maître en prison.

Et il donna l’ordre de le faire sortir et de l’amener en sa présence.

— Vous avez, lui dit-il, un domestique qui n’est pas un sot.

— Vous avez raison, sire, car mon domestique n’a pas son pareil au monde. Demandez-lui de faire tout ce qu’il vous plaira, fût-ce de porter une lettre au paradis, et il le fera.

— Vous moquez-vous de moi ? dit le roi.

— Non, sire, je ne dis que la vérité, et vous pouvez l’éprouver.

— Eh bien ! c’est ce que je veux faire. Je vais écrire une lettre, qu’il devra porter au paradis, au bon Dieu lui-même, et s’il ne m’en rapporte pas la réponse, au bout d’un an et un jour, il n’y a que la mort pour lui et pour vous pareillement.

Et le roi écrivit une lettre, mit dessus l’adresse suivante : À Monsieur le bon Dieu, dans son paradis, et, la remettant à Joll, en la présence de son maître, il lui dit :

— Vous allez me porter cette lettre à son