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— C’est bien ; veux-tu me suivre, comme domestique ?

— Je ne demande pas mieux.

— Comment t’appelles-tu ?

— Joll Kerdluz.

— Eh bien ! mon garçon, viens avec moi dîner au château, et puis nous verrons après.

Quelque temps après, le seigneur voulut aller à Paris, et il dit à Joll :

— Nous allons aller tous les deux à Paris, Joll. Moi, j’irai devant, et toi tu partiras un peu après et passeras par les mêmes endroits que moi. Je te donnerai de l’argent, et tu descendras partout dans les meilleurs hôtels, et mangeras à la même table que les voyageurs et les pensionnaires. Tu y entendras toutes sortes de conversations et de bons tours ; mais, quoi que tu entendes, dis toujours que tu auras vu plus fort que cela. Ce soir, je souperai et coucherai à l’hôtel du Cheval-Blanc, à Guingamp, et tu y souperas et coucheras toi-même, demain soir.

— C’est bien, maître, répondit Joll ; je ferai comme vous venez de me dire.

Là-dessus, le seigneur part à cheval, arrive à Guingamp vers le soir, et descend à l’hôtel du Cheval-Blanc. Il y avait foire, ce jour-là, à Guingamp, et la table était bien garnie, à souper. Les conversations allaient leur train,